Note pour l'audition OPECST (Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologique) Assemblée nationale. Séance du 21 janvier 2016 consacrée aux sciences humaines et sciences technologiques; Mon intervention portera sur un point précis de convergence entre les sciences humaines et les sciences technologiques : la gestion des données de la recherche. Jusqu'à une époque récente, cette question pouvait sembler relativement déconnectée de l'activité principale du chercheur. Certes, le chercheur en SHS dépendait hier comme aujourd'hui des données accessibles et il lui fallait parfois, hier comme aujourd'hui, faire preuve d'ingéniosité et d'inventivité pour recueillir des données, susciter leur production et, ensuite, les faire parler, par des problématisations ou des outils originaux. Si je prends l'exemple de l'histoire, il y avait en amont les sources conservées par les archives et les bibliothèques et, en aval, la publication des résultats de la recherche au format papier, sous forme d'édition critique de sources, d'article ou de livre. Depuis le 20 e siècle, de plus en plus de chercheurs en SHS sont également producteurs de données sur des supports de haute technologie et de faible pérennité : photographies, films, enregistrements sonores, bandes magnétiques, fiches perforées, disquettes, disques durs sont autant de supports qui posent la problématique de la conservation et de la transmission des contenus. Le tournant numérique en SHS a accéléré encore la nécessité d'une politique de gestion de nos données, de leur traitement, de leur interopérabilité avec d'autres jeux de données et, enfin, de leur conservation à long terme. La fragilité des données numériques est en effet très préoccupante car elle tient à deux facteurs : fragilité des supports, évolution des standards de lecture